Sur le très inclassable blogue «
Les dessous… de la politique », l’auteure du site ridiculise encore une fois un de nos jeunes camarades qui a été présent à la manifestation du 22 juin, et critique l’arrestation de trois activistes canadienNEs qui sont alléEs en Chine dans le but de protester pour la libération du Tibet.
Pour résumer la nouvelle, ce sont trois militantEs en faveur de la libération du Tibet, tous et toutes originaires de Vancouver, qui ont été arrêtéEs par les autorités chinoises lorsqu’ils et elles ont apposé une bannière géante sur la grande muraille pour protester contre la politique de la République Populaire de Chine (RPC). Quelques heures plus tard avait lieu le déclenchement du compte à rebours officiel en vue des Jeux, donc il ne s’agit sûrement pas d’une coïncidence. Ils et elles seront par la suite libéréEs.
N’étant sûrement pas favorable au régime qui gouverne actuellement la Chine, que nous avons dénoncé à plusieurs reprises, il serait par contre intéressant d’apporter quelques corrections sur la question tibétaine.
Généralement, lorsque les médias parlent du Tibet, ils font mentions à la culture locale, aux monastères qui sont des lieux simples pour permettre l’éveil spirituel et, finalement, au Dalaï-lama, ainsi qu’à l’invasion chinoise de 1950. Étrangement, ils racontent très rarement les conditions de vies avant l’arrivée des troupes de Mao et la nature tyrannique du régime théocratique qui y était alors en place.
Notre courte analyse se base sur les écrits du professeur américain Michael Parenti, qui pourront être consultés en bas de page, ainsi qu’un article du Parti communiste révolutionnaire, « La face cachée du dalaï-lama ». Sans vouloir prendre une position claire pour l’actuel Tibet (si nous sommes pour ou contre son indépendance), nous voulons nous intéresser à la période d’avant Mao.
Ce n’est pas la première fois que la Chine se mêle des affaires du Tibet, si on se réfère Michael Parenti :
« C’est d’ailleurs au début des années 1400 que l’empereur de Chine envoie son armée au Tibet afin de supporter le Grand Lama, un homme ambitieux de 25 ans, qui se donne lui-même le titre de dalaï (Océan) lama, maître de tout le Tibet. Il est donc assez ironique de constater que le premier dalaï-lama a été installé par l’armée chinoise. »
Historiquement, il est assez amusant de constater que ce sont justement ces mêmes chinois qui ont mis ce roi au pouvoir !
La fameuse image que nous projette le cinéma et la télévision des monastères tibétains est celle que ces derniers sont surtout constitués de moines modestement vêtues qui se rassemblent pour prier. Cette image est très incomplète car, en fait, ces mêmes lieux étaient très riches. Ils devaient compter sur plusieurs serfs pour l’entretient et les besoins des moines et des supérieurs.
Ainsi,
« le monastère de Drepung était l’un des plus importants propriétaires terriens de la planète avec 185 manoirs, 25 000 serfs, 300 lieux de pâturage et 16 000 gardiens de troupeaux ».
Cela témoigne de la richesse des dirigeants du Tibet, dont le Dalaï-lama.
Un autre impact du lamatisme, sinon celui des énormes inégalités sociales entre les riches et les pauvres dans cette région (626 personnes possédaient 93% des terres et des richesses et 70% des yaks. De ces 626 personnes, 333 étaient à la tête de monastères.), il y avait ce contrôle absolue de la religion sur la vie de tout les individus. Par exemple, lors des périodes de famine, lorsque les gens devaient se contenter de manger l’herbe des pâturages pour survivre, plus du tiers de la production de beurre était brûlée quotidiennement en offrandes aux dieux. Les superstitions empêchaient les gens de se tourner vers des traitements et des antibiotiques lorsqu’ils étaient malades, car les moines considéraient les malades comme étant responsable de leur situation (parce qu’ils n’étaient pas assez pieux). La seule solution selon eux : prier et donner des offrandes en argent ou en nourriture aux dieux.
La situation des femmes n’était pas très reluisante : le mot femme, en tibétain (kiemen) signifie littéralement naissance inférieure. Il était interdit aux femmes de lever le regard plus haut que la hauteur des genoux d’un homme lui faisant face, en signe de soumission ! Tandis que les maoïstes combattaient avec succès les préjugés et la discrimination fait aux femmes ( le slogan « Hommes et femmes, nous sommes tous égales et égaux » ), cette position « d’inférieure » se perpétue encore dans les communautés tibétaines exilés en Inde qui doivent vivre dans des camps de réfugiés disséminés partout sur le territoire, car le gouvernement indien ne voulait pas que les tibétainEs se retrouvent dans une seule région. Prenons le cas des femmes qui n’ont pas le droit de vote : elles ne peuvent pas quitter le camp sans l’accord d’un homme et passent en dernières pour les écoles.
Après « l’invasion chinoise » (qui était pour des intérêts stratégiques, mais aussi pour aider les serfs tibétains), plus 13 000 TibétainEs se sont exiléEs. De ce fait, une partie très importante des classes dominantes disparaissait du paysage! Ce sont eux qui ont inventé le « gouvernement tibétain en exil » avec l’aide des anciens monarques et religieux. Les communistes n’étaient pas aiméEs d’eux, car ils redistribuaient la terre aux paysanNEs et avaient considérablement fait baisser les taxes agricoles.
Par contre, l’arrivée des troupes chinoises aura permis à la capitale Lhassa de se munir de son premier et seul hôpital, d’un système d’eau courante, de l’électricité et des premières écoles ouvertes au peuple (pas juste aux moines).
Beaucoup ont souvent accusé les maoïstes d’avoir interdit la pratique religieuse au Tibet. Dans les faits, c’est l’exploitation des serfs et des esclaves par les autorités religieuses qui a été interdite. Pour la première fois depuis des siècles, les gens étaient libres de pratiquer ou de ne pas pratiquer le lamaïsme. C’est par milliers que les moines, forcés de vivre dans les monastères alors qu’ils n’étaient encore que des enfants, décidèrent librement de quitter cette vie pour retrouver leurs familles.
Finalement, comme nous pouvons le constater, la situation du Tibet était vraiment térrible avant l’arrivée des troupes de Mao Zedong. Si certainEs tibétainEs veulent un retour du Dalaï-lama, bien peu sont prêtE à se faire de nouveau gouverner par les autorités religieuses et de redevenir des serfs.
==> Lire la suite de la nouvelle sur Cyberpresse
==> Le site d’Élodie
==> La face cachée du dalaï-lama
==> Michael Parenti: Friendly Feudalism: The Tibet Myth
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